Étoile de l'Ouest

E'toile de l'Ouest

Another viewpoint des événements qui ont passé dans les années 1979-1989.

Un jour sans soleil est un jour sans joie, une nuit sans e'toile est une nuit sans espoir. Cette phrase flotte dans ma te^te comme un bateau en pleine mer. C'est extraordinaire. Un jour sans soleil est un jour perdu, une nuit sans e'toile est une nuit superflue. Je m'allonge sur la plage, sur le petit coin de la plage entoure'e par la mer et des fils de fer barbele' du camp de Songkhla qui restera dans l'histoire orale des re'fugie's comme un tournant de leur vie ou` se me^lent l'amour et la haine, les rires et les pleurs, l'espe'rance et le de'sespoir. Quelle ironie! Je commence une vie nouvelle, une vie libre dans un camp encerle' de fils de fer barbele' et garde' par des soldats qui nous traitent avec me'pris comme des ennemis, des animaux, des monstres non souhaite's venus du fond de la mer. Et le monde du dehors nous accueille comme des he'ros qui risquent la vie pour la liberte'. Je me ris avec amertume a` mes ide'es stupides. Un jour sans soleil. Je regarde le ciel gris, encore plus gris que ceux de mes plus tristes jours, peut-e^tre a` cause de l'orage qui a dure' les deux derniers jours.

Soudain tous les re'fugie's au camp entendent la voix du pe`re Joe Devlin qui annonce:" E'coutez! Il y a probablement un bateau de refugie's en danger au large de la mer. Nous avons besoin de volontaires ..."

La nouvelle se re'pand rapidement a` travers le camp. Tout le monde court, vieux et jeunes, hommes et femmes, vers le bord de la mer. Une petite barque flotte, apparai^t et disapparai^t de temps a` autres entre les vagues hautes a` l'horizon. Un jeune homme fait monter un grand drapeau de la Re'publique du Sud-Vie^tnam. Le drapeau flotte vivement dans le vent comme si une me`re faisait signe a` ses enfants de venir vers elle. Pe`re Joe lui-me^me prend vingt volontaires et ils rament dans deux canots avec des gilets de sauvetage pour des gens en danger.

Anxieusement on les scrutinent, les poursuivent avec des yeux inquiets. Les flots e'normes courent et frappent la plage. On recule devant la cole`re des vagues qui se jettent comme des chevaux furieux. L'eau sale'e couvre des gens qui se ha^tent de courir vers le camp. Je le`che mes le`vres. Un gou^t sale' comme celui des larmes. Je sais que je pleure. Je suis anxieux comme les autres. Peuvent-ils aiders les pauvres re'fugie's au dela` ou perdre leur propres vies? Pe`re Joe est a^ge'. Il a environ soixante quinze ans. Il est parti des E'tats Unis pour le Vietnam en 1970. Il a partage' la pauvre vie avec milliers de Vietnamiens dans la guerre, et maintenant avec les re'fugie's. Il est peut-e^tre plus jeunce que son apparence accable'e de tristesse et d'efforts infinis pour aider ses enfants adopte's. Il a lutte' beaucoup pour ba^tir ce camp de Songkhla qui devient depuis des anne'es le premier refuge des infortune's. Il est l'a^me du camp.

Un jour nous pouvons oublier tout ce qui s'est passe' au camp, excepte' l'image du vieux pe`re Joe. Un jour sans soleil, un matin ou` le soleil ne se le`ve pas a` l'Est, une nuit sans e'toiles, sans lune, une nuit ve^tue de noir, un a^me sans espoir. Un triste jour, une triste nuit, un triste a^me. A` la fin de notre trajet, au bout de notre chemin, au dernier moment de notre espoir, se le`ve une e'toile, petite mais brillante, a` l'Ouest, une e'toile dont on ne re^ve pas, une e'toile soudaine qui remplace celle du Nord que les marins cherchent toujours quand ils sont perdus sur la mer. Une e'toile occidentale. Une e'toile qu'on oublie souvent en faveur de celle de l'Orient ou celle du Nord. Quelle coincidence! Les trois mages ont cherche' la paix et la sagesse gra^ce a` l'e'toile orientale qui les conduisent a` l'enfant Je'sus au Bethlehem et nous, venus de l'Orient, trouvons la consolation dans l'e'toile occidentale qui nous me`ne a` la liberte'.

Oh Balthazar, est-ce qu'on a essaye' de vous encercler aves des mensonges et des e'pe'es dans la cour d'He'rode, vous et vos deux compagnons, Gaspar et Melchior? Et vous, navigateurs des nuits, qu'est-ce que vous avez trouve' en cette e'toile du Nord? Les directions? Nous aimons la lumie`re clignotante de cette e'toile la` quand elle brille au loin et fait nai^tre nos re^ves. Mais nous commençons d'en avoir peur et la fuir comme elle devient trop brillante et puissante et chaude qu'elle puisse arre^ter les courants d'espe'rance et de vie.

Nous re^vons toujours de la mer immense qui reçoi^t des fleuves, des courants d'eaux de sources diffe'rentes, et de sa paix des jours ensolleile's, et de sa surface infinie ... Nous sommes descendants d'un dragon et d'une fe'e du temps ou` la terre et l'oce'an e'taient encore le berceau des hommes, des enfants de l'oce'an qui souhaitent de partager son infini en brisant les chai^nes qui nous liaient aux doctrines aveuglantes, en soulevant notre vue au dela` des fils de fer barbele'.

Notre espoir renai^t avec l'e'toile de l'Ouest, e'toile de l'Occident, e'toile d'Ame'rique, ide'e de liberte' qui brille encore quand tout est noir apre`s la chute et la vie oppresse'e chez nous. Enfin, nous ne sommes pas oublie's et abandonne's.

De grandes vagues e'cumeuses frappent la plage en rugissant comme si elles voulaient de'vorer leur proies. La vie du pe`re Joe et des volontaires est en grand danger. Leurs barques disparaissent et ils perdent la vue du petit bateau des re'fugie's. Dans le canot du pe`re Joe ou` se trouvent dix autres hommes, quelques-uns proposent de retourner. Pe`re Joe dit doucement, "Pauvres et braves enfants! Je pense que c'est trop tard maintenant. On ne peut plus rentrer. Ce serait plus dangereux. Gardez bien l'e'quilibre. Soyez calme. Dieu nous prote`ge. On va trouver les autres."

On entend des gens hurler, crier, mais toujours on ne peut voir pesrsonne parce que les canots flottent aux cre^tes des vagues, montent et descendent tre`s souvent. On a envie de vomir a` cause du vertige. On a l'impression de voler vers le ciel et de tomber vers l'abi^me. Les vagues capricieux semblent vouloir les avaler dans leurs gueules e'normes et profondes.

On attend toujours anxieusement au camp. Les heures coulent lentement. Le ciel reste toujours gris avec des tas de nuage menaçant. Le vent souffle fort et les flots viennent et disparaissent en reculant. Je fais les cent pas au long de la mer avec une grande anxie'te'. J'ai peur pour pe`re Joe et les volontaires et les infortune's. Je deviens incapable, impotent devant cet e've'nement farouche et soudain de la nature qui nous nourrit and menace depuis toujours. Le vie humaine est fragile comme lampe au vent. A` votre merci, la nature me`re! A` votre merci, vous soldats et officiers qui tenez nos vies et vous, de'pute's des nations qui font des se'lections et de'cidez nos destine'es!

"Ils reviennent. Ils retournent!" crient beaucoup de gens en me^me temps. L'e'cho de leur nouvelle re'pand a` travers le camp et on continue a` re'pe'ter qu'ils reviennent. On saute de joie, on rit, on crie, et l'on court vers la plage de toutes parts. La plage est pleine de gens qui bavardent, qui attendent le retour des he'ros.

Pe`re Joe appelle le secours. Je m'approche. "Emme`nez cette fille a` la clinique!" et il passes a` mes bras un corps immobile d'une jeune fille e'vanouie. Il y a aussi d'autres victimes. Nous courons vers l'ho^pital. Toute l'e'quipe d'infirmie`res et me'decins les soigne en toute ha^te.

A` l'apparence des malheureux, on devine ce qui leur a e'te' arrive'. Sans mots dire, les larmes coulent des yeux des gens pour leur commun destin, leur malheur et leur exil, leur honte et leur petite espe'rance.

Tandis que les adultes se pressent de demander des nouvelles du trajet et du pays, les enfants courent apre`s pe`re Joe en criant, "Monsieur Ame'ricain parle le Vietnamien!" Surpris par l'habilete' du pe`re Joe en leur langue, les petits oublient la faim, re'pe'tant la me^me phrase comme celle de l'incantation, "Monsieur Ame'ricain parle le Vietnamien!"

Souriant, pe`re Joe leur dit, "Je ne suis pas Ame'ricain. Je suis Vietnamien." Comme par re'flexes, les petits re'pliquent, "Ous mentez. Vous e^tes Ame'ricain."

Les adultes rient avec un peu d'embarras a` cause du language et de l'innocence des petits. Pe`re Joe les conduit a` sa hutte, leur donne des bonbons, "Rentrez chez vos parents. Je dois aller a` la clinique. Au revoir, mes enfants!"

Les petits paraissent de'çus, mais ils lui obe'issent. Quelques-uns leur disent, "Ne l'appelez pas Monsieur Ame'ricain. Il est pre^tre, Appe`lez-le Pe`re. Il est tre`s gentil. Ne le ge^nez pas. Il nous aime beaucoup et il a tant de choses a` faire."

Pe`re Joe, assis sur une chaise pre`s du lit ou` s'est couche'e une jeune fille. Elle a e'te' blesse'e la plus grave parmi les autres victimes a` cause de son a^ge. Elle est en de'lir. Quelquefois elle sanglote, quelquefois elle crie au secours. Elle tourne, de'chire la natte, donne des coups de pieds et de poings au vide.

"E'cartez-vous, de'mons. Ayez pitie'. Ne faites pas telle chose. S'il vous plai^t. J'ai honte ..." crie la jeune victime. Des mots incohe'rents et presque incompre'hensibles sortent de la bouche de la jeune fille. Gra^ce a` ses deux petits fre`res qui pleurent aupre`s d'elle, pe`re Joe apprend ce qui lui a e'te' arrive'.

C'est une triste histore des violations des droits humains des pirates dont pe`re Joe entend souvent parler. Des femmes, des vieilles et des jeunes ont e'te' de'truites moralement comme des fleurs apre`s une tempe^te. Les pirates ont battu des hommes avec des haches comme on coupe les arbres. quelquefois ils les ont fusille's comme des accuse's criminels.

Le sang des refugie's, des hommes et des femmes, des viellards et des enfants, a e'te' me'lange' dans l'oce'an et on ne peut jamais oublier la couleur du sang des innocents couler sur la planche du bateau, ou flotter a` la surface de la mer.

Pe`re Joe met une toilette trempe'e d'eau glace'e sur le front de la jeune fille qui crie, "Laisse-moi mourir!" Les deux petits fre`res tiennent la main de leur soeur, chuchottant, "Ne meurs pas soeur! Nous avez besoin de toi. Tu dois vivre! Ne nous laisses pas!"

Parmi des sanglots et des cris, la voix monotone du pe`re Joe s'entend dans la salle comme une plainte continuelle. Il murmure comme une me`re a` son enfant, "Ma fille, personne ne peut te blesser, maintenant. Tu es saine et sauf. Courage, mon enfant. Le catastrophe a passe'. Tu dois vivre pour tes deux petits fre`res et ta famille ..."

La jeune fille ouvre ses yeux enfin, "Qui e^tes-vous? Ou` sont me`s fre`res? Allez-vous en!"

"Ici, nous sommes ici, che`re soeur!, " re'pond les deux petits, comme en choeur. Ils ajoutent:
"Nous sommes au camp de Songkhla. Cet homme est pe`re Joe."

La jeune jeune cache les larmes avec ses mains. Elle pleure violemment. Des gouttes de joie ou de honte coulent sur ses joues tache'es par les mains des monstres. Pe`re Joe dit doucement, "Repose-toi, ma petite fille. Tes fre`res sont ici, sain et sauf. N'essaie pas de re'fle'chir ou parler. Tout va bien. Je vais vous soigner comme mes enfants..."

La jeune fille pleure et dit, "Merci, pe`re! Mais je suis bien triste et honteuse ... Je ne suis plus une jeune fille pure."

"Non, mon enfant," re'pond pe`re Joe, "N'aie pas honte. Ce n'est pas ta faute. Oublie le passe'. Oublie cet accident. Tu es le lotus dans le mare'cage. La boue ne peut pas te salir. Pnese a` ta famille au Vietnam, a` ton futur, a` tes fre`res ici, a` tout excepte' cet e've'nement infortune'. Personne ne peut de'truire la beaute' des fleurs. La beaute' de ton a^me reste pure et brillante comme tu veux garder. Promets-moi d'oublier ce qui t'est arrive', ma fille."

La jeune victime se trouve console'e de la bonte' et de paroles doux du pe`re Joe. Elle dit le'ge`rement, "Oui, mon pe`re. Je vous le promets."

Pe`re Joe regarde sa montre et se met debout et dit, "Je dois m'en aller ce'le'brer la messe maintenant Je vais dire mes prie`res pour toi, ma fille. Repose-toi et bonne nuit. Je vais te voir demain matin."

Allonge'e sur le lit, la jeune fille entend Pe`re Joe, "Dieu a emmene' les enfants d'Israel des mains du Pharaoh. Dieu vous a conduits aussi ici. Souvenez-vous que vous e^tes sain et sauf. Essayez d'oublier les maux que vous avez rencontre's. N'ayez pas honte. Vous e^tes courageux, descendants de plus de trois cent mille martyrs pour la foi catholique, descendants d'un peuple he'roique. Donnez des remerciements a` Dieu. Priez pour vos citoyens. Priez pour les gens au large mer. Priez pour nous me^mes et pardonnez ceux qui vous ont fait mal. Aujourd'hui, c'est un jour me'morable, une nuit remarquable. C'est un jour que Dieu vous a sauve's de la cole`re de l'oce'an, de la me'chancete' des mains des personnes qui ne respectent pas les droits divins. Venez et dites vos remerciements au Dieu qui nous prote`ge de jour en jour ..."

La jeune fille ferme ses yeux. Je sors de l'infirmie`re, heureux de la voir se reposer transquillement. Elle se souvient des jours au Vietnam. Elle voit son visage, sa me`re travaillant dans l'ombre des cocotiers. Les branches palme'es des cocotiers balancent au vent et bercent son sommeil en de'pit du rugissement des flots. Dans son re^ve, elle voit Pe`re Joe conduire les re'fugie's vers la liberte' comme Moise a conduit les He'breux a` la` Terre Promise.

Je regarde le ciel. Haut dans le firmament brille une petite e'toile scintillante. Et s'il y a une e'toile, il y a espoir. J'entends le bruit de la mobillette du pe`re Joe qui s'en va vers la ville pour une confe'rence demain. Je me promets de garder cette lumie`re, cet espoir pour mon peuple dans le futur.

Nguyen Do

Ces e'venements dans ce re'cit peuvent e^tre ve'rifie's avec des re'fugie's du camp de Songkhla depuis 1979-1989. Je m'ai donne' la liberte' de condenser en un re'cit pour les rendre vivants.



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